Reportage : Diplômés-chômeurs : travailler ou mourir !
Pourtant, c’est l’espoir qui les a fait venir de toutes les régions
du royaume en quête d’une affectation aux différents secteurs publics.
Samir a quitté sa famille à Oujda pour rallier le groupe «Al
Moustaqbal» dont il est actuellement le secrétaire général. «J’ai
obtenu mon DESA en biochimie et entamé ma thèse de doctorat. Mais peu
de temps après, j’ai dû laisser tomber ma thèse pour venir à Rabat.
J’ai besoin d’un travail plus que d’une recherche», dit-il avec
amertume. La présence et la participation effective aux manifestations
est une contrainte dont les inscrits doivent s’acquitter. Et pour
cause, des absences répétitives peut leur valoir d’être rayés de la
liste des demandeurs d’emploi qui est soigneusement mise à jour par les
coordonnateurs des groupes et remise à la Primature en vue d’un
recrutement dans la fonction publique.
«Des camarades à moi de la même spécialité ont intégré le ministère
de la Santé. Je ne sais pas si j’aurais la même chance», se demande
Samir. Et de préciser que le critère de l’âge et de l’ancienneté du
diplôme comptent énormément dans l’embauche.
La lueur d’espoir
Avec son DESA obtenu en 2004 et sa trentaine affichée, Samir espère
bientôt intégrer une administration. «La Primature nous a promis, lors
d’une réunion fin janvier, de nous présenter, le 10 février prochain,
des solutions pour nous sortir de cette impasse. On connaîtra, à
l’occasion, le nombre de postes consacrés aux diplômés chômeurs. C’est
une urgence, car l’écrasante majorité d’entre nous est obligée de se
débrouiller pour vivre au jour le jour. Certains s’improvisent vendeurs
ambulants dans l’ancienne médina de Rabat et dans les souks, d’autres,
plus chanceux, donnent des cours de soutien d’une manière discontinue.
Nos conditions de vie à tous sont misérables», se lamente le secrétaire
général du groupe «Al Moustaqbal». Et de poursuivre : «Nous devons
économiser le peu que nous avons pour louer des petites chambres que
nous partageons à trois ou quatre. Plusieurs d’entre nous n’ont même
pas dix dirhams en poche et n’arrivent plus à s’acquitter de leur
contribution mensuelle à la caisse». Ces caisses sont pourtant
essentielles pour la bonne marche de ces groupes. Elles sont utilisées
en cas d’urgence lorsque des membres des groupes se retrouvent à
l’hôpital (pour des fractures, la plupart du temps) après de violents
affrontement avec la police.
«La pression donne de bons résultats. Après en moyenne un à deux ans
de militantisme dans ces groupes, on aboutit à un recrutement dans la
fonction publique», assure Hicham, en connaissance de cause. Ainsi,
1.132 manifestants sont devenus fonctionnaires de l’Etat en 2009. Cette
année, on leur accorderait 1.880 postes. «J’espère qu’on nous proposera
une intégration globale. Dans mon groupe Al Ittihad, qui comptait 315
diplômés, on a pris l’an dernier près de 150 membres. Tandis que le
reste a eu l’effet d’un choc. Nous nous sommes senti exclus !», confie
Abdelwahed El Bouidiri, titulaire d’un DESA en sciences politiques.
Pour ce dernier et pour les autres aussi, si la rencontre du 10 février
aboutit à une déception, il faudra s’attendre au pire. «Ce sera la
catastrophe ! Après avoir constaté la volonté affichée du gouvernement
pour le dialogue, nous avons maintenu le calme depuis ces deux
dernières semaines...suit




ليست هناك تعليقات:
إرسال تعليق